"Notre maison brûle et nous regardons ailleurs", citation bien connue de Jaques Chirac concernant le réchauffement climatique il y a déjà 20 ans. Alors que la planète se porte de plus en plus mal et que les réponses apportées au changement climatique semblent insuffisantes, la crise du covid19 est un drame sanitaire mais aussi une occasion de changer de regard sur notre société.
Ces derniers jours, j’ai pu lire de nombreux articles sur la crise économique et les propositions pour un monde d’après meilleur. Les appels se multiplient pour une réaction à la hauteur des enjeux ! En face, les réflexes économiques de certains organismes me font un peu peur, c'est comme s'ils s’apprêtaient à se relancer dans une course encore plus effrénée pour la croissance, pour revenir à la situation initiale.
On peut débattre de la relance, mais j'aimerais surtout vous partager un déclic que j'ai eu en lisant des documents concernant le profil des personnes qui sont “au front”, comme on dit, et le changement de regard que cela nous oblige à porter sur eux et sur ce que nous qualifions d’essentiel dans notre société, ce qui est véritablement important.
Qui sont ces travailleurs au front ?
Des ouvriers, tout le personnel soignant, les associations pour les plus démunis,les agriculteurs, les enseignants, les caissières de la grande distribution ou encore les routiers qui nous assurent la logistique nécessaire à notre société, etc,.. Tous ces métiers réputés mal payés, souvent précaires, des métiers dont on dit parfois (ou on disait) : "Si tu ne travailles pas à l’école, tu finiras à l’usine, ou éboueur ! "
Et pourtant aujourd'hui, nous les applaudissons à 20h, nous les remercions, nous multiplions les clins d’œil, les gestes pour dire merci ! Sans eux, nous serions dans une situation bien plus compliquée !
Tout cela relève d'un élan de solidarité et de gratitude précieux, qu'on ne connaît qu'en situation de crise dans notre société.
Car jusqu'à présent nous regardions ailleurs ! Nous détournions le regard de ces métiers auxquels nous rendons hommage aujourd'hui.
Osons regarder au bon endroit
On préfère parfois regarder la start up nation, les licornes, les grandes entreprises pourvoyeuses d'emplois délocalisables, .. tout en ignorant, consciemment ou pas, que l’innovation sociale se fait dans l'Economie Sociale et Solidaire. Cette économie représente à l'échelle nationale 10% des emplois et 20% des emplois dans les campagnes (étude Avise 2015). Des emplois non délocalisables ceux-là.
L'ESS ce sont des structures qui entreprennent avec une finalité sociale et ou environnementale. Elles font partie de notre vie personnelle : sport, culture, insertion, handicap, services à la personnes, éducation à l'environnement...
On ne voit pas non plus qu'à force de travailler avec peu de moyens, les structures de l’ESS se sont concentrées sur l’essentiel avec beaucoup d’agilité ! Elles innovent en répondant à des besoins d'utilité sociale.
Ces structures ou associations souffrent aussi pendant cette crise ! D'après une étude de la CRESS Nouvelle Aquitaine (Chambre Régionale de l'ESS), 71% de structures de l'ESS sont en danger à cause du Covid19. Les besoins financiers sont urgents pour sauver les emplois et maintenir l'activité. Et puis il y a la question de la reprise,.. les plans de relance concerneront-ils aussi l'ESS ?
Aujourd'hui ces structures existent car elles créent de la valeur économique et surtout de la valeur pour notre société ! Elles répondent à un besoin social non satisfait par ailleurs. Parfois ce sont des besoins primaires comme se loger, se nourrir..
Pour l'avenir, ne l'oublions pas. Ne détournons pas le regard de ceux qui sont au charbon... au nom de la reprise économique.
Podcast Au Charbon de Gett'up
Pour découvrir des portraits de ces travailleurs du front, je vous conseille le podcast Au Charbon de Gett'up, à écouter depuis le compte insta ou sur les plateformes de podcast (deezer, spotify, ..)