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  • Photo du rédacteurAnne-Sophie Ketterer

Janēcio, avoir du style, sans gaspiller !

Dernière mise à jour : 7 oct. 2020

Peut-être avez-vous entendu parlé de la slow fashion, du Made in France, du développement des vêtements de seconde main, etc.. Les initiatives en matière de mode durable fleurissent afin de proposer une alternative à notre consommation effrénée de vêtements à l’impact environnemental pas très glorieux et à l’éthique ..douteuse voire scandaleuse.

En France, 4 millions de tonnes de vêtements sont jetées chaque année à cause des invendus, vous pouvez rajouter à cela les tonnes de vêtement que nous jetons car ils ne nous vont plus, ou ne nous plaisent plus. Certes, il existe le recyclage, les dons, .. mais n’est-ce pas absurde de produire toujours plus pour détruire à la suite ?

Et si.. on pouvait créer notre style tout en relocalisant la production de nos vêtements en circuits courts et en évitant le gaspillage ?

Rencontre avec Anaïs qui a créé la marque Française Janēcio et qui relève ce défi !


Comment se passe la conception d’un vêtement Janēcio ?

Janēcio est une marque française de vêtements responsables : nous ne produisons que ce qui est vendu. Nous fonctionnons à l’inverse de la mode classique. L’objectif c’est : 0 stock.

Le processus est assez simple : je dessine le vêtement, sur la base duquel le modéliste réalise le patronage ainsi qu’un prototype pour qu’on puisse voir le rendu de la pièce : est-ce qu’elle tombe bien ? Est-ce qu’elle est confortable ? Une fois validée, nous la réalisons dans les autres tailles, du 34 au 46.

Les pièces sont ensuite proposées à la commande. Pour chacun des modèles, la cliente peut choisir les tissus qu’elle souhaite associer. Il y a vraiment une phase de “co-création” très intéressante et au final, nous avons rarement une pièce similaire, c’est toujours une surprise de découvrir le vêtement produit. Chaque cliente a ainsi la chance de ne pas suivre une mode imposée, mais de co-créer la ou les pièces qui correspondent à son style et soulignent sa personnalité.

La pièce est livrée chez chaque cliente sous 20 jours, le temps nécessaire pour nous pour confectionner et envoyer chaque vêtement personnalisé.

En quoi est-ce rupturiste ?

C’est un modèle de production très différent de la mode actuelle, même si finalement c’est ce que faisaient les tailleurs à une époque ! Je ne sors pas de nouvelles collections tous les mois, qui est une aberration dans un modèle de slow fashion. Je privilégie plutôt le fait de créer des pièces intemporellement raffinées, donc indémodables, qui permettent de créer une garde-robe de pièces fortes, qui nous donnent de l’assurance. Et en choisissant les tissus et leurs associations, les clientes peuvent trouver de la nouveauté en permanence. On évite ainsi la sur-production de vêtements.

Je pense qu’à l’avenir, c’est ce mode de production qui va prendre le pas, la pré-commande de pièces de qualité. Un peu comme les AMAP pour réserver des paniers de légumes, on pourra pré-commander ses vêtements pour en finir avec la production de masse.

Janēcio, une marque Made in France ?

Tous les vêtements sont réalisés dans des ateliers de couture en Occitanie, d’où provient également toute la mercerie. Le tissu vient de Lyon ou du Nord de l’Espagne.

J'essaie de m’entourer de partenaires locaux et français, mais ce n’est pas toujours évident. Nous avons perdu beaucoup de savoir-faire. Par exemple, il n’y a plus aucune fermeture éclair fabriquée en France, alors je passe par des grossistes français... Il est également de plus en plus difficile de trouver des couturiers ou couturières qualifiés.

De nouvelles filières sont en train de se créer en France, il y a une vraie tendance de fond, mais cela demande beaucoup d’investissement en temps et en compétences, c’est aussi pour cela que le “made in France” est plus cher.


Une production à la pièce, est-ce accessible à tous ?

Produire pièce par pièce coûte cher, mais le prix reflète la vraie valeur du vêtement. Chacun sait aujourd’hui qu’un t-shirt à 5 euros ça n’existe pas ! Ca n’existe que si on occulte les conditions déplorables de travail et l’impact sur l’environnement. Janēcio est une marque de vêtements raffinés, des pièces de qualité qui durent longtemps. On investit plus à l’achat, mais on achète moins…

Qu’est-ce qui t’a donné envie de créer Janēcio ?

J’ai fait l’école de commerce de Toulouse (TBS) avec un double diplôme en droit public et relations internationales puis un master en Entrepreneuriat à l’Université Paris Dauphine. Je suis allée au Sénégal faire un stage et j’ai adoré le style, les tissus, les couleurs, le fait d’être unique et d’assumer son propre style ! Une petite graine s'est planté dans ma tête !

Pendant une année de césure, j’ai découvert l'entrepreneuriat via l’ONG IECD avec qui j’ai travaillé à l’accompagnement d’entrepreneurs en Afrique de l’Ouest. J’ai senti que j’avais envie de monter un projet aligné avec mes valeurs.

En rentrant en France je me suis rapprochée de l’univers de la mode, en travaillant pour MSR MonShowroom.com (groupe Monoprix et Casino), je me suis formée, j’ai découvert le métier, toutes les étapes et les acteurs. J’ai profité du contexte de restructuration de l’entreprise pour me lancer.. lancer une mode en accord avec mes valeurs !


Quelle est ta plus grande fierté ?

C’est d’avoir créé ma marque, que ça existe !! Créer un vêtement, réaliser un dessin et arriver à un objet réel et tangible que l’on porte ! C’est magique !

J’aime aussi voir quand les clientes se trouvent belles dans le miroir.. C’est un beau moment. Et puis c’est la preuve que c’est possible ! Qu’un autre modèle peut exister et que ça marche.

Je suis également fière de la relation que j’ai nouée avec tous mes partenaires. Au départ, fascinée par le Wax, je prévoyais de produire en Afrique de l’Ouest pour soutenir les femmes dans la création et le développement de leur activité, mais finalement les difficultés logistiques et de production sont apparues trop importantes, en tout cas pour la première année de lancement. C’est pour cela que j’ai décidé de tout penser localement. C’est plus simple et cela me permet surtout de me rendre régulièrement dans les ateliers, chez les fournisseurs. J’investis beaucoup de temps dans cette relation !

C’est quoi la suite pour Janēcio ?

Maintenant que la partie production est sécurisée, l’idée est d’activer la commercialisation au niveau national, avec des pop-up stores, notamment dans les Galeries Lafayette qui soutiennent le développement d’une mode plus responsable. L’objectif est de nouer des partenariats afin de mailler le territoire, et permettre à chaque cliente de créer son propre style, facilement.

Un conseil pour quelqu’un qui aimerait se lancer ?

Il faut agir ! Il n’y a qu’en agissant que tu fais avancer ton projet ! Tant que tu ne t'es pas confronté au client tu ne sais pas vraiment les tenants et aboutissants du projet..

Et puis c’est important de fixer ses valeurs et de les garder en ligne de mire !

Pour moi, le plus important n’est pas l’idée, mais sa mise en œuvre.

Et enfin et surtout, le caractère de la personne est majeur, il faut être prêt pour cette aventure. L’entrepreneuriat c'est un vrai chemin de vie personnel.


 

Un grand merci à Anaïs Goussy pour cet échange ! Pour découvrir la marque Janēcio, voici son site internet et instagram




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