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  • Photo du rédacteurAnne-Sophie Ketterer

Un Archipel à Billère

Il était une fois dans le quartier d’Este de Billère (64) un collectif d’entrepreneurs individuels qui s’étaient lancés dans l’aventure de la création d’un Tiers Lieu nommé : L’Archipel !

Le tiers-lieu « L’Archipel » est une pluralité d’îlots de vie en un espace partagé.


Camille Maury, Julien Richou et Gaëlle Dariet, ont répondu à mes questions sur la genèse du projet et la gouvernance du Tiers Lieu.






Qu’est ce qui vous a donné envie de créer un Tiers Lieu ?


Camille : En tant qu’architecte, je savais que des espaces de coworking fleurissaient un peu partout mais que les locaux n’étaient pas complètement remplis. Je voyais bien qu’il y avait un besoin de flexibilité, mais que ces projets étaient vite récupérés par des investisseurs privés, sans vraiment répondre au besoin. Je ne cherchais pas spécialement à m’impliquer dans un tiers lieu, mais juste à participer à la création d’un espace de travail conçu pour avoir plusieurs usages, qui ne soit pas un bureau froid et sans âme. J’avais envie de m’inspirer des habitats partagés pour décliner ça à un espace de travail.


Gaëlle : Pour ma part, avec Alexandra Pinto, nous voulions vraiment créer un tiers lieu ! Notre motivation au départ était idéologique car nous connaissions le potentiel de ce genre de projet en terme de coopération, culture, conditions de travail... Alexandra travaillait pour la mairie et a entendu parler d’un local qui allait se libérer.Vu l’espace disponible et sa localisation, elle s’est dit que ce serait chouette d’y créer un tiers lieu. Elle en a parlé autour d’elle, et on a fait une première réunion début 2019. Nous étions autour de 5-8 personnes lors des premières rencontres. Certaines ne sont pas restées pour diverses raisons personnelles et professionnelles. Créer un Tiers Lieu demande beaucoup d’investissement personnel ! Je dirais que le collectif s’est stabilisé à partir de juin 2019. Nous sommes tous des entrepreneurs individuels.


Julien : J’ai rejoint l’aventure un peu après. J’ai reçu un mail d’un ami pour répondre à un questionnaire sur mes besoins en terme d’espaces de travail. A cette époque je créais mon activité, mon projet s’affinant, je me posais pas mal de questions sur mon lieu de travail. Je connaissais assez mal les Tiers lieux, mais je suis allé aux réunions d’information et cela correspondait très bien à ma démarche de redéfinition du « travail » en activité ! Le projet se présentait comme une belle aventure : il y avait tout à créer ! On pouvait faire quelque chose de vraiment différent !


Le Tiers Lieux se situe au rez de chaussée de cet immeuble


Quelles ont été les étapes de création du lieu jusqu’à présent ? Que reste -t- il à faire ?


Gaëlle : Jusqu’à présent nous avons beaucoup travaillé sur le collectif. Pour nous c’était important de définir nos valeurs, ce qui était vraiment important et non négociable. En effet, nous avons la volonté d’ouvrir le Tiers Lieu à d’autres parties prenantes, que chacun puisse s’investir dans le projet, mais nous voulons garder un socle de valeurs qui définit le projet. Pour qu’il ne perde pas de sens au fur et à mesure.


L'équipe du projet de l'Archipel


Ce travail nous a permis de nous rendre compte que nous étions sur la même longueur au sein du collectif ! Et ça.. c’est précieux !


Ensuite nous avons travaillé sur la gouvernance et nous avons créé une association pour gérer le tiers lieu : Il était une fois dans l’Este (car nous sommes dans le quartier d’Este de Billère..)


Nous avons également rencontré régulièrement les parties prenantes : l’Office Habitat 64, bailleur social propriétaire du local, la mairie de Billère, l’association des dessinateurs de BD qui occupe une autre partie du local, d’autres tiers-lieux en projet ou existants etc.. Nous avons présenté le projet détaillé au Maire, au Directeur Général Adjoint, à la personne en charge de la communication et celle en charge de la Démocratie Locale. ça leur a plu et ils nous ont bien soutenus pour porter notre projet auprès de l’Office Habitat 64.


En juin 2019, nous avons lancé un sondage via nos réseaux professionnels, pour étudier les besoins en usage du local. Ce fût très instructif car ça nous a permis de réorienter un peu le projet en envisageant davantage de bureaux par exemple. Cela nous a aussi permis d’élargir notre communauté de sympathisants, des personnes intéressées pour être de futurs utilisateurs, à qui nous envoyons des nouvelles de temps en temps et que nous avons rencontré lors de temps d’échanges.


Depuis, nous avons défini plus précisément des scénarios d’aménagement et détaillé les activités et services envisagés pour le futur tiers lieu.


La prochaine étape est cruciale, il s’agit du financement ! Nous allons envoyer un dossier à la Région Nouvelle Aquitaine pour solliciter une subvention pour les travaux à réaliser, tout en commençant une activité a minima dans le local, cela nous permettra d’être visible et échanger avec nos voisins, associations du quartier, etc..

A la rentrée (septembre -octobre 2020 ) nous aimerions faire une réunion de présentation pour intégrer de nouveaux futurs utilisateurs au collectif gestionnaire et aux futures commissions thématiques..


Localisation du Tiers Lieu


Intégrer de nouveaux acteurs, accueillir de nouveaux usagers tout en préservant le projet originel.. ce n’est pas simple. Quelle gouvernance avez vous choisie ?


Gaëlle : On a choisi de créer une association parce que c’est simple ! On a longtemps pensé à la forme juridique SCIC, mais finalement la simplicité l’a emporté ! A ce stade du projet, ça nous convient. Nous avons créé une association collégiale : nous n’avons pas de conseil d’administration ni de bureau mais un collège constitué de 5 à 10 personnes.


Julien : Avec ce projet nous voulions sortir du schéma conventionnel y compris sur la prise de décision ! Après une formation sur les systèmes de gouvernance partagée, j’ai proposé une méthodologie pour cadrer nos réunions, nos prises de décision, inspirée de la sociocratie. Nous mettons ça en place pour que chaque acteur soit entendu et pris en compte.


Camille : Nous avons défini qu’une personne qui utilise le lieu régulièrement pendant plus de 4 mois devient “membre actif” et doit donner de son temps, s’investir sur le lieu en échange de tarifs intéressants. C’est donc normal qu’il puisse faire aussi partie de la prise de décision.


Vous avez une charte d’éco-responsabilité, à quoi sert-elle ?


Camille : Dans nos valeurs, le respect de l’environnement est important. Nous avons donc défini un cadre avec cette charte pour communiquer sur nos valeurs, et faire respecter quelques principes comme par exemple : limiter les déchets, privilégier les déplacements moins polluants, favoriser les fournisseurs locaux et éco-responsables, ou soutenir des manifestations de sensibilisation à l’environnement.

Cette charte est importante pour notre fonctionnement mais aussi en terme de crédibilité, l’environnement n’est pas qu’une étiquette !


Qu’attendez vous des “voisins” de l’Archipel ?


Gaëlle : Qu’ils s’approprient le lieu ! Surtout l’espace de convivialité. Nous aimerions qu’ils soient acteurs de leur propres envies avec ce lieu ! Chacun pourra proposer des événements réguliers sur le Tiers lieu : manifestations culturelles, échanges entre associations, jardinage sur la terrasse avec l’association des Jardiniers d’Este,..., etc..


Quelles ont été les difficultés jusqu’à présent et vos plus belles réussites ?


Julien : Notre principale difficulté est que comme nous voulons faire les choses différemment… nous ne rentrons pas dans les cases ! Alors la création de dossiers de subvention ou d’un compte bancaire n’a pas été simple … mais c’est le challenge !


Camille : je pense que les difficultés comme les réussites nous attendent encore ! Les difficultés on va les toucher très bientôt du doigt avec la recherche de financement .. on a déjà eu quelques déconvenues sur des délais de réponse. Et pour les réussites ce sera notre premier événement avec les habitants du quartier, les associations, les utilisateurs de l’Archipel qui vont échanger, se découvrir, créer ensemble...


Avez vous un appel à lancer à ceux qui découvrent l’Archipel avec cette interview ?

Qu’ils n’hésitent pas à nous contacter pour nous rejoindre dans l’aventure ou tout simplement échanger, poser des questions, évoquer des besoins sur l’utilisation du lieu, etc : info@archipel-este.fr


Aujourd’hui nous avons la tête dans le guidon avec la création de l’Archipel, mais on aimerait créer un maillage avec d’autres Tiers Lieux, s’ouvrir, partager les bonnes pratiques, les expériences et pourquoi pas contribuer à un réseau dans le 64 et le 65 !

 

Si vous avez envie de vivre une expérience Tiers Lieux dans les Pyrénées, de nombreux projets de Tiers Lieux sont en train de naître ou existent déjà comme La Soulane, à Jézeau dans les Hautes Pyrénées, le TLB de Bagnères de Bigorre, le Lien à Ibos, le Tiers lieu du Val d‘Azun, l’Archipel de Billère et plein d’autres initiatives..


Pour en savoir plus sur les Tiers Lieux suivez ce lien


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